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Département Histoire de l'université Paris 8

26 mai 2006

«Fabriquer de l'histoire est l'équivalent athée d'une prière» (Paul Veyne)

 

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Paul Veyne
par François Busnel
Lire, décembre 2005 / janvier 2006



«Fabriquer de l'histoire

est l'équivalent athée d'une prière»


L'Antiquité gréco-romaine revient à la mode. Au cinéma et au théâtre, dans les restaurants branchés des actuelles Rome ou Athènes (où l'on dîne désormais couché à la romaine...) et, bien sûr, en bonne place dans vos librairies. Parmi les nombreux ouvrages consacrés à cette période fondatrice de l'histoire de l'Occident, une somme appelée à faire date : L'empire gréco-romain de l'archéologue et historien Paul Veyne. Un régal ! La plume de Paul Veyne est impertinente et drôle, érudite et originale.

Inclassable, Paul Veyne retrace l'histoire de l'Empire en convoquant la sociologie, la psychologie, la philosophie, l'histoire et les sciences. La politique est romaine, mais la culture est grecque, démontre-t-il brillamment avant de brosser le portrait-robot d'un empire bilingue et biculturel qui n'a rien à voir avec les clichés que véhiculent encore nos poussiéreux manuels. L'occasion était trop belle de donner la parole à cet éminent historien, titulaire de la chaire d'histoire de Rome au Collège de France, auteur d'une vingtaine d'ouvrages de référence et dont la renommée dépasse largement nos frontières.2020287781.08.lzzzzzzz1

Veyne avait révolutionné l'approche de la mythologie grecque (Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes?) et le regard de l'historien sur ses objets d'étude (Comment on écrit l'histoire), aujourd'hui il bouleverse radicalement, preuves et anecdotes à l'appui, notre vision de la Grèce et de Rome. Il va même plus loin, repérant dans ce passé méconnu les traces de notre modernité.


Comment êtes-vous devenu historien ?
Paul Veyne - Tout a commencé par un choc psychologique. À l'âge de huit ans, je suis monté sur une collinela_plaine_de_la_durance_c_t__cavaillon_490 proche de la ville de Cavaillon. Sur ce site celtique, j'ai trouvé une pointe d'amphore. Cet objet, qui ne ressemble à aucun autre des objets usuels, m'a fait l'effet d'un aérolithe tombé d'une autre planète. Ce fut un choc éblouissant ! Je me souviens l'avoir d'abord déposé sur l'autel d'une petite chapelle, parce que c'était un objet consacré. Tout est parti de cette découverte. Mais ce choc n'implique aucune valeur, je tiens à le préciser : je savais que les Romains avaient vécu dans des temps reculés mais je n'avais aucune idée de qui ils étaient. Ce choc n'a donc rien à voir avec les valeurs romaines, l'histoire ou même l'idée de vocation, c'est un choc de science-fiction : un aérolithe venu d'une autre planète. Or, dans le milieu populaire et inculte qui était le mien, la seule planète connue était Rome. Je me suis donc mis à m'intéresser à Rome. Vous le constatez : aucune grande idée dans ce choix, mais tout simplement un choc romanesque. Ainsi qu'une certaine chance... En effet, mes parents ont ensuite déménagé pour s'installer à Lille. Or il y a là-bas un grand musée archéologique romain et je passais mon temps dans ce musée, obsédé par ce que j'y voyais. Un jour, le conservateur, intrigué par ce gamin qui se taillait de la classe pour se trimballer dans son établissement, m'a convoqué et s'est occupé de moi.

L'année suivante éclate la guerre... Vous avez alors neuf ans. Fut-ce un autre choc ?
P.V. Je vivais dans un milieu qui, par conservatisme social et peur du Front populaire, était plus que collabo. Le journal qui était lu chez mes parents était une espèce d'infection nommée Gringoire. Et je vais vous dire, je regrette que l'on n'ait pas foutu douze balles dans la peau de Carbuccia, le type qui l'a dirigé et qui a été gracié à la Libération ! C'est dans ce journal que j'avais lu, à neuf ans, que les Anglais venaient de commettre les pires atrocités lors de la révolte des Cipayes. Je me vois encore expliquer à l'un de mes camarades qui, lui, était pour les Anglais et contre les Allemands : «Mais enfin, tu ne peux pas être du côté des Anglais... Ils ont fait des horreurs.» Il faut rappeler l'ignorance quasi totale dans laquelle les gens de province étaient alors - et tout particulièrement un gosse de neuf ans qui a spontanément les opinions de ses parents. Du coup, c'est vrai, je n'ai pas éprouvé de joie à la Libération.

Vous avez tout de même quitté votre milieu pour intégrer Normale sup. Que cherchiez-vous alors ?
P.V. Sortir de mon milieu, en effet. Je suis arrivé à Paris pour faire ma khâgne et ce fut un autre choc effrayant : le bas-relief célébrant la Libération de Paris en bas du Boul'Mich'. Celui-là n'a rien à voir avec les Romains mais ce fut, brusquement, l'image de la conversion. Naturellement, je suis entré dès que j'ai pu au Parti communiste... pour expier. Et puis, je me disais : «Tu te fiches totalement de la politique, tu n'es pas très sûr d'être courageux, donc grâce à la discipline du Parti tu es certain que tu ne trahiras jamais.»

Vous n'êtes resté que quatre ans au Parti communiste. Pourquoi avez-vous rompu, si vous n'aviez aucune conscience politique ?
biblioP.V. Parce que ça branlait dans le manche, tiens! Et puis parce que j'avais d'autres préoccupations : j'étais en Italie, à l'Ecole française de Rome. Mais je ne me suis pas véritablement dépolitisé car il y a eu, quelques années plus tard, la guerre d'Algérie.

Un autre choc ?
P.V. Oui, car je fus médusé par les rapports entre colons et indigènes. On m'avait envoyé en Algérie pour raisons archéologiques. Et je n'ai vu que les rapports humains. Cela m'a paru invraisemblable ! La façon dont se comportaient les colons avec les indigènes était pour moi insupportable, révoltante, intolérable. Au point que, je l'avoue, j'ai eu un moment de joie en 1961 car je voyais dans la guerre l'occasion de mettre un terme à ces rapports qui n'étaient pas moralement supportables. Mais il y a eu, ensuite, les révélations sur la torture. Et ce fut pire encore! Chaque matin, pendant des mois, je me suis réveillé avec une idée dans le crâne: «Nous sommes en train de faire en Algérie ce que les nazis ont fait en Europe.» Là encore, je précise que ce ne fut pas un choc social ou pro-prolétarien, mais un choc moral.

À quel moment décidez-vous de ce qui va devenir votre spécialité, l'archéologie et l'histoire gréco-romaine ?
P.V. Tout de suite. Ma famille était très ignorante, je vous l'ai dit, et très hostile au Front populaire. Mais il y avait un notaire qui, voyant que je lisais sans arrêt des ouvrages d'histoire romaine ou grecque, a convaincu mon père que je devais faire l'Ecole normale supérieure. J'ai donc suivi ce chemin pour faire de l'archéologie et de l'histoire ancienne mais je n'avais aucune admiration particulière pour les Romains, ni aucune valeur humaniste ou autre. Je sais que ça brise le mythe de dire cela, mais c'est la vérité : les événements se sont enchaînés et je suis devenu archéologue et historien parce qu'enfant j'avais découvert un bout d'amphore sur une colline, voilà tout.

aron_raymond_1En 1975, vous entrez au Collège de France, grâce à l'appui de Raymond Aron. Et pourtant, vous vous êtes brouillé avec lui aussitôt après...
P.V. C'est une histoire curieuse. À cette date, j'avais publié beaucoup d'articles mais peu de livres. En 1968, sans qu'il y ait aucun rapport avec les événements, je me suis mis à écrire un livre qui se présentait comme une rêverie sur la façon dont on écrit l'histoire (Comment on écrit l'histoire, NDLR). J'y racontais en partie ma vie, ce qui n'était pas très orthodoxe à l'époque. Or ce livre n'était ni soixante-huitard ni marxiste, et ne relevait pas davantage de la toute-puissante école des Annales. Je me foutais de Mai 68 (même si j'étais pour, mais pour des raisons qui n'avaient rien à voir avec le métier d'historien), de Marx et de Braudel. J'étais plutôt fasciné par les philosophes Georg Simmel et Max Weber. Je me souviens que Braudel, à la sortie de mon livre, m'a écrit quelque chose du genre: «Plutôt que d'aller chercher toutes ces choses fumeuses dans la philosophie allemande, vous feriez mieux de faire appel à la clarté française...» Allusion à peine cachée au fait que je ne prenais pas la peine de le citer. Lisant mon livre, Raymond Aron a, quant à lui, trouvé un type qui rigolait du marxisme, de Mai 68 et des Annales tout en ayant une capacité à faire des bons mots à toutes les pages. Or Aron ne cherchait pas un héritier spirituel mais quelqu'un qui s'occuperait de ses travaux après sa mort. Et il fallait que ce soit un normalien ! Pour Aron, ce dernier point était capital. Comme Pierre Bourdieu, son dauphin désigné, venait de lui claquer la porte au nez, il s'est replié sur ce type qui ricanait grassement quand on parlait de marxisme, n'arborait pas la moindre trace de soixante-huitardisme et n'appartenait pas à l'école braudélienne. Et qui, de plus, était normalien. Et voilà comment Aron m'a proposé pour le Collège de France. Est alors arrivé l'incident fatal, lors de ma leçon inaugurale. J'étais tellement perdu dans mes rêves intérieurs que, contre toute convenance, je l'admets avec honte, j'ai oublié de citer le nom de Raymond Aron. Oui, cela semble invraisemblable mais j'étais dans la lune. Pour Aron, ce fut un choc terrible, le signe de mon ingratitude. Et à partir de ce jour, il se mit à me persécuter après m'avoir fait élire...

Cet épisode confirme donc l'image dont on vous affuble parfois, en toute sympathie : celle d'un professeur Nimbus...
P.V. Eh oui, hélas. Je le crois.

Mais comment expliquez-vous que vous soyez si souvent «dans la lune» ? Est-ce le signe que rien ne vous intéresse hormis vos Grecs et vos Romains ?
P.V. Fabriquer de l'histoire - ou n'importe quel travail désintéressé - est l'équivalent athée d'une prière. La dépersonnalisation que produit cet effort pour dire ce que l'on croit être la vérité vous met dans cet état et parfume votre bureau d'une sorte de sécurité intérieure. C'est mystique, si vous voulez.

Revenons à notre sujet : en quoi consiste votre travail d'historien ?
P.V. Il consiste à dessiner, dans toutes ses vérités et sans poncifs, une certaine figure lointaine. Pour cela, il faut inventer des idées, c'est-à-dire conceptualiser. Pour arriver à dire l'individualité, qui ne ressemble pas à nous et dont la ressemblance est fausse, vous devez utiliser des concepts : plus il y a de conceptualisation, plus il y a d'individualisation. Loin de renvoyer à des généralités, les concepts abstraits sont l'unique moyen de définir avec exactitude une individualité. Sans eux, on tombe dans les lieux communs. Michel Foucault n'avait pas son pareil pour inventer des concepts, il est à ce titre le plus important des historiens de l'Antiquité.

Donnez-nous des exemples de concepts historiques...
P.V. Dire, par exemple, que le pouvoir de l'empereur romain est un pouvoir clanique, qu'il est mandataire et non souverain, que la cité grecque est un corps concret et non une constitution dans laquelle les gens entrent après être passés à la toise...

Votre ton est également très particulier : quelle est votre conception de l'écriture ?
P.V. Il faut être léger. Et se poser des questions. Mais attention, des questions élémentaires du type: auguste_empereur«Comment se fait-il que se soit produit tel événement bizarre?» Les ressorts de l'histoire sont les mêmes que ceux de votre vie personnelle : la psychologie. Mais ils ne sont pertinents que si nous pouvons, au moins par imagination, les revivre. Prenons un exemple. Les Romains, quelle que soit l'époque, n'ont jamais cru une seconde que l'empereur était un dieu. Tout le monde savait qu'il était mortel. Tout comme chacun savait, en URSS, que la société soviétique n'était pas la société idéale.

Comment expliquez-vous ce retour de l'Antiquité ?
P.V. Le Moyen Age a été tellement bien traité par l'école des Annales que le sujet est désormais épuisé !2070323285.01.lzzzzzzz Souvenez-vous de Montaillou, village occitan d'Emmanuel Le Roy Ladurie : le succès du livre vient non seulement du talent de son auteur mais aussi du fait que c'était la première fois que l'on reparlait aux gens, après une centaine d'années, du folklore local des villages. Ç'avait l'attrait du neuf. Le Moyen Age ayant déjà été traité, l'épopée napoléonienne ou celle de Louis XIV semblant trop proches, les gens s'intéressent à ce qui est lointain et peu connu : l'Antiquité.

Jusqu'à présent, on dissociait la civilisation grecque de l'Empire romain. Qu'appelez-vous, au juste, l'Empire gréco-romain ?

P.V. Cette dissociation est propre à la France où les chaires de latin et de grec sont distinctes et où les hellénistes contemplent Rome comme une duchesse toise un cancrelat tandis que les latinistes ne jurent que par l'originalité romaine. Les Allemands, les Anglais ou les Américains qui liront mon livre vous ro_marc_aurelediront que je n'invente rien et que je découvre l'eau chaude. Il n'y a qu'en France que l'on ignore cette vérité première : il y a bel et bien eu un Empire gréco-romain. Songez que l'on a fait de Sénèque le type même de l'esprit romain. Quel contresens ! Sénèque emploie des mots latins qui recouvrent tous des concepts très techniques et... grecs. Et à Rome, la philosophie et la médecine s'enseignaient en... grec. Lorsque l'empereur philosophe Marc Aurèle notait ses pensées, il le faisait également en grec et non en latin.

Cela veut donc dire que cet Empire fut bilingue...
P.V. Oui, bilingue et biculturel.

Fut-il également bicéphale ?
P.V. Il finira par le devenir, lorsque Constantinople prendra son essor et deviendra capitale de l'Empire romain d'Orient.

Mais comment est-on passé du modèle politique grec, proche d'une totalité, au modèle politique romain où ce n'est plus le tout qui prime mais l'individu ?
P.V. Dans l'Italie ancienne, chez les Etrusques, le centre de la vie est la cité. Comme en Grèce ou dans les parties civilisées du Proche-Orient. On ne sait pourquoi ce modèle, composé d'un petit groupe d'un millier de personnes, s'est retrouvé en Phénicie, diffusant très rapidement son modèle politique dans l'Asie Mineure, puis dans le monde étrusque et dans le monde romain. Mais la Grèce et Rome ont en commun le système de la cité. Rome est une cité. Le monde conquis par les Romains vit comme aujourd'hui les dominions du Canada : en état d'autarcie. Dans chaque cité, ce sont les notables qui commandent. Le pouvoir central n'a pas à se mêler des affaires de la cité. Il n'intervient que lorsque surviennent des troubles. Disons que Rome n'instaure pas l'équivalent d'un préfet. On pourrait parler d'un Commonwealth de cités. Rome n'a qu'une seule particularité, par rapport à la Grèce : un instinct de commandement.

D'où vient-il ? Pourquoi ne le trouve-t-on pas chez les Grecs ?
P.V. Il est difficile d'affirmer avec certitude d'où vient cet instinct. Je ne crois pas une seconde à l'idée, véhiculée par les historiens italiens notamment (chez qui l'empreinte marxiste est très forte), qu'il s'agit d'un intérêt de classe. Il faut chercher du côté de la psychologie : je suppose qu'il y a chez les Romains une conception spontanée de la sécurité et de la politique étrangère qui consiste à tout faire pour que Rome ne soit pas menacée. Pour cela, les Romains ont mis fin à toute forme de politique étrangère : ils ont absorbé tout ce qui était autour d'eux. Rome s'est ainsi retrouvée seule au monde. C'est une attitude que l'on peut comprendre : si vous devez mener une politique étrangère, c'est-à-dire des relations diplomatiques, avec un voisin qui vous fait sans cesse des ennuis, l'une des solutions consiste à le conquérir - il n'y a alors plus dealgeriedjemila politique étrangère puisqu'il n'y a plus de nation. C'est d'ailleurs ce qui fait l'unicité de l'empereur : il n'a pas de ministre des Affaires étrangères. Rome considère, d'une certaine manière, qu'elle est le seul Etat qui existe au monde. Le reste, ce ne sont que des tribus informes, des espèces de rois mais pas cette chose raisonnable qu'est un mandataire indépendant.

Vous montrez que l'on ne peut réduire l'Empire gréco-romain à la volonté de conquête. Il se met en place une forme d'absorption des cultures au sein de l'Empire. Peut-on parler de ce que l'on appelle aujourd'hui le multiculturalisme ?
P.V. Non, je parlerais plus volontiers de collaborationnisme. L'idée consiste à ne rien changer aux mœurs du pays que vous venez de conquérir, à ne faire aucun prosélytisme. Les Romains n'ont donc pas répandu la civilisation romaine, laquelle n'existe d'ailleurs pas. Il faut aussi rappeler que tout le monde avait déjà adopté la civilisation grecque : elle s'était développée d'elle-même. Les pouvoirs locaux savaient donc que Rome les laisserait en place. Mieux encore : ils savaient que toute révolte contre eux serait considérée comme une révolte contre Rome et serait sévèrement réprimée. D'une certaine manière, ils étaient garantis. Cette collaboration fut un des ressorts les plus répandus et les plus efficaces.

Les citoyens de cet Empire se sentaient-ils gréco-romains ?
P.V. Cela dépend des régions. Un Syrien se dit syrien d'abord, et précise ensuite : fidèle sujet de 0elisacartel'empereur. Mais dans les régions qui n'ont pas de civilisation originale, on se sent pleinement romain. Saint Augustin, par exemple, dit qu'il se sent romain d'Afrique. La fidélité est toujours une fidélité personnelle, attachée à un homme qui est l'empereur et non une fidélité à un peuple étranger représenté par Rome.

Il n'y a donc que peu d'unité dans cet Empire ?
P.V. Aucune, même ! Aucun patriotisme de masse. Seuls les notables et les lettrés se sont fait une grande idée de Rome lorsque les Barbares ont menacé.

Mais peut-on parler de cet Empire gréco-romain comme d'un tout ?
P.V. Oui, car les Grecs, bien qu'ils se considèrent très supérieurs aux Romains, sont contents de la domination romaine puisqu'elle garantit le règne de la bonne société, des notables, et que Rome les défend contre les Barbares qui vivent de l'autre côté de l'Euphrate. L'empereur n'a pas de nationalité ; il est sculpture_divers_buste_musee_tripoli_142972l'empereur.

Quelle est la spécificité du mandat de l'empereur ?
P.V. L'empereur doit d'abord être clairement distingué du roi. C'est un grand citoyen qui, avec son clan, a pris le pouvoir pour gouverner, protéger et défendre la chose publique, c'est-à-dire l'Empire. Il ne se réclame d'aucun droit mystique pour gouverner, comme le feront les Germains. Il est au pouvoir et tout le monde trouve cela très bien. Tant que ça dure... Il n'est qu'un mandataire. Mais dire qu'il est mandataire du peuple romain est une autre façon de dire que, s'il ne se conduit pas bien, il sera vidé et remplacé par un autre. Et comme la seule sanction en politique romaine est la mort, son éviction coïncide fatalement avec son assassinat.

Est-ce pour cela que si peu d'empereurs moururent de mort naturelle ?
P.V. Oui, en partie. Mais aussi parce que le sénat, qui était la classe gouvernante, était composé de cinq cents familles à l'intérieur desquelles n'importe qui pouvait devenir empereur. Il lui suffisait de proclamer publiquement qu'il était le meilleur et qu'il allait sauver l'Empire... Il ne rencontrait aucune des oppositions qui existent aujourd'hui, du type des syndicats ou même des partis politiques. D'autre part, le moindre mécontentement donne lieu à une révolte. Les soldats mécontents de la soupe ou les propriétaires fonciers mécontents de l'impôt prennent le premier notable venu et hurlent partout qu'il vient de se proclamer empereur. La plupart du temps, ce n'est pas vrai mais le pauvre type n'a plus qu'à essayer de sauver sa peau car il sait que dès que la rumeur aura propagé la fausse nouvelle il y passera... On peut dire que la forme d'opposition des populations consiste à faire un empereur, et souvent malgré ce dernier. C'est un acte de résistance dans un monde où il n'y a pas d'opposition possible de l'opinion. D'où une série de batailles pour le pouvoir.

L'empereur Marc Aurèle envisagea-t-il vraiment de rendre le pouvoir au sénat ?
P.V. C'était le vieux rêve d'un philosophe. L'empereur n'a aucun droit à gouverner : il est au pouvoir parce qu'il l'a pris. Il n'a pas l'autorité sublime du roi : il n'est pas né tout-puissant, il l'est devenu. Cette idée s_nat_romainchoquait le philosophe qu'était Marc Aurèle. L'idée que l'homme puisse avoir un maître et que ce dernier se fasse adorer, vénérer, était philosophiquement inacceptable pour lui. Marc Aurèle ressemblait en fait à ces intellectuels contemporains qui sentent qu'ils vivent dans une société capitaliste et injuste : il vivait dans un malaise perpétuel à cause du régime impérial. Mais il a fait son devoir, c'est-à-dire qu'il a évité de prendre de grands airs arrogants, de se césariser à la façon d'une star moderne. Il a développé pour cela une philosophie de la contrainte sur soi-même. Mais il a aussi fait son travail d'empereur : la guerre, le sort (ou plutôt les dieux) l'ayant mis à la tête de l'Empire.

Quel fut l'apport de Rome ?
P.V. D'abord l'idée, sublime, d'une vaste réunion de territoires tenus par un homme digne de ce pouvoir. Cette idée survivra jusqu'à Charlemagne et aux empereurs d'Allemagne. La notion d'empire a tenu à peu près aussi longtemps que celle de cité, qui a tenu de 2000 avant J.-C. à 500 de notre ère. Ensuite, l'idée que rome_forumla vie collective doit obéir à des règles. Dans l'Empire, la politique est romaine mais la culture est grecque. La culture, et même la vie!

Comment autant de violence a-t-elle pu cohabiter avec autant de beauté : l'art, la philosophie, la poésie...?
P.V. La grande époque de la littérature grecque est en effet celle de la guerre du Péloponnèse. Les Grecs étaient, en fait, plus militaristes et guerriers que les Romains : les guerres entre cités n'ont jamais cessé. L'état de guerre était l'état normal de la société, du coup les artistes savaient ce que signifiait la brièveté de la vie et se lançaient davantage dans la création.

Le poète Horace avait-il raison d'affirmer que «la Grèce conquise a conquis son sauvage vainqueur puisqu'elle apporte chez lui les arts» ?taverne_ph1
P.V. Oui, certainement. Mais Rome a ajouté au génie artistique grec le génie politique : l'autorité et le sens de la règle du jeu en politique sont romains. Et cette règle du jeu s'est perpétuée jusqu'à nous. Son principe est très simple : une grande collectivité obéit certes aux clans et aux pouvoirs sociaux mais il faut aussi suivre un certain nombre de règles de droit public.

À quoi ressemblait la vie économique ?
P.V. La masse de la population, à Rome, vivait avec l'équivalent d'un ou deux dollars par jour. Et on construisait le Colisée ou bien des aqueducs ! Ces derniers ne servaient d'ailleurs pas à grand-chose : à une partie des bains publics. Il y avait donc les milliardaires et les pauvres. Mais si, dans une société, vous atteignez un niveau de vie moyen plus élevé, apparaît alors une large classe qui remplace la plèbe : la bourgeoisie. Or, les bourgeois ne sont pas respectés : ils ne sont pas assez riches pour fasciner les pauvres et un mouvement social des prolétaires se développe assez rapidement en réaction contre leur pouvoir. En réalité, les bourgeois sont assez riches pour pouvoir dire qu'ils ne veulent pas de maître mais trop pauvres pour fasciner les vrais pauvres. Ils se mettent donc à réclamer la démocratie, le pouvoir de contester tel souverain, de le renvoyer... À Rome, ça les aurait envoyés aux galères ! A Rome, il n'y a qu'une mince classe moyenne. L'affaire se divise entre les grands et le peuple, exaspéré.

Quel était le statut de la religion ?
P.V. Il n'y en a pas. S'adressent aux dieux ceux qui veulent le faire. Les dieux sont considérés comme une nation supérieure et étrangère. On peut les prier si on en a envie, et on le fait parce que c'est la coutume. Mais il n'y a pas d'organisation ecclésiastique, pas de pape et chacun adore le dieu qu'il veut. À Athènes comme à Rome. Les dieux sont des voisins. Mais il est vrai qu'il n'y a pas eu, à Rome, d'âge des Lumières. remond2Il était rarissime que l'on nie les dieux : l'athéisme n'est pas romain. Disons que l'on se comportait vis-à-vis des dieux comme doit se comporter un intellectuel catholique de haut niveau aujourd'hui. Prenez par exemple René Rémond et demandez-lui ce qu'il pense de cette histoire d'Immaculée Conception ou bien de la transsubstantiation... Il ne peut pas le croire. Mais en même temps, il continue de croire à son Dieu. Les Romains lettrés se posaient ce genre de questions : comment dois-je me représenter les dieux ? Pour les Romains, il existe une Providence. Si elle existe, alors on peut la prier. Les dieux (Jupiter, Minerve...) sont les autres noms de la Providence.

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Justement, les Romains ont-ils cru en leurs mythes ? 
P.V. Absolument pas. Un lettré romain ne croit pas une seconde que la mythologie est vraie. Les dieux sont comme les saints du Moyen Age : on leur invente une personnalité et cette personnalité leur sert de biographie. On écoute la légende, qui est une belle histoire, mais on n'est pas obligé de croire à la légende.

Les Romains étaient-ils des débauchés et des individus dépolitisés ?
P.V. Non, pas du tout. Encore une image d'Epinal! Il ne faut pas lire trop de bandes dessinées...

Alors pourquoi l'Empire gréco-romain s'effondre-t-il ?
P.V. À la suite d'une série d'accidents. Mais il n'y a jamais eu de décadence romaine. Aucune. L'Empire a, au contraire, été très énergiquement reconstruit aux alentours de 300 par les tétrarques, et autour de 310-320 par Constantin. Les Romains ne sont donc nullement des dégénérés ou des avachis langoureux. Ils seraient plutôt complètement hystériques ! Ce sont des furibards ! L'accident est le suivant. Il n'existe peut-être aucun pays au monde où la longueur de frontière, rapportée à la surperficie, est aussi disproportionnée. La Méditerranée est un trou énorme au milieu d'un Empire de 60 millions d'habitants. Et avec des Barbares tout 010autour. Avec le niveau de vie qui prévaut à Rome, on ne peut entretenir qu'une armée de 300 000 hommes et il faut engager des Barbares pour défendre les frontières. Ces derniers se débrouillent comme ils peuvent, vivent aux frais de la population qu'ils pillent de temps à autre. Jusqu'au jour où les attaques contre l'Empire ont coïncidé : au même moment, les Barbares ont attaqué sur l'Euphrate, sur le Rhin et sur le Danube. Or le Danube est le point central : il suffit de passer le fleuve pour entrer en Slovénie et menacer l'Italie. Quand trente mille Barbares ont franchi le Rhin dans la nuit du 31 décembre 403 et qu'Alaric a forcé la Thrace à peu près au même moment, Rome s'est trouvée débordée. Paumée. Il faut se représenter un jeu d'échecs : la grande affaire consiste à empêcher le roi d'être pris, pas d'empêcher les pièces de se faire prendre. Les Barbares sont loin d'être idiots : ils ont pillé et brûlé les villes et ont aussitôt nommé des contre-empereurs. L'Empire a chuté parce que trop de Barbares avaient attaqué au même moment et nommé trop de contre-empereurs simultanément. Cela a provoqué un foutoir de tous les diables... (mosaïque carthaginoise représentant un chef vandale, fin Ve-début VIe siècle)

Aujourd'hui, que reste-t-il à découvrir sur l'Empire gréco-romain ?
P.V. Beaucoup de choses mais il faudra le faire par conceptualisation plus que par des recherches sur le terrain ou par l'étude de documents. Travailler sur la sexualité, par exemple. Rome, c'est l'amour. J'entends encore Michel Foucault me dire: «Ecoute, Veyne, tu ne crois pas qu'au fond il y a eu trois périodes : les plaisirs antiques, la chair médiévale et le sexe des modernes ?» Il s'agit d'apercevoir comme étrange un phénomène que l'on avait jusque-là tenu pour banal.

Le combat pour le maintien du latin et du grec dans le secondaire est-il le vôtre ?
P.V. Non, pas du tout. Pour être franc, je m'en fous complètement.

Comment !
P.V. Il serait plus utile que les enfants étudient l'allemand plutôt que le latin et le grec : c'est une langue à déclinaison difficile. Je ne crois pas que savoir le latin fasse mieux connaître le français. Par contre, connaître le bon français facilite la compréhension du latin. Combien d'étudiants en grec et latin peuvent-ils lire couramment les poètes latins ou grecs ? Je lis la prose grecque mais pas la poésie grecque car c'est un langage très différent du grec usuel, très compliqué. Quand un Grec fait de la littérature, il n'écrit pas en grec mais en prose d'art, et quand il écrit de la poésie, il use d'une langue spéciale. Cela dit, je n'ai pas envie de fâcher les défenseurs du latin et du grec à l'école : ce qui est important n'est pas de maintenir le latin et le grec mais qu'il y ait à chaque génération et dans chaque pays cinq cents types capables de traduire du latin et du grec.

Mais pour cela, il faudrait commencer dès le secondaire, non ?
P.V. Mais non !

Bon. De quelle philosophie gréco-romaine vous sentez-vous le plus proche ?
P.V. Aristote. C'est mystique ; il est snob et aristo, vit dans l'utopie complète... Mais sa philosophie me plaît : une bonne gymnastique dont le but est de nous habituer à l'abstraction.

L'Empire gréco-romain
Paul Veyne
Seuil, 2005
Prix : 25 € / 163,99 FF.

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Jean BOUVIER (1920-1987)bouvier_initiation1

professeur d'histoire contemporaine


présentation éditoriale (éd. des Archives contemporaines) de son dernier ouvrage : L'historien sur son métier (1989) :

Jean Bouvier (1920-1987) a été l’un des pionniers de l’histoire économique des XIXe et XXe siècles. De son grand livre sur la naissance du Crédit Lyonnais à son ultime synthèse, La France restaurée (1945-1954) (en collaboration avec F. Bloch-Lainé), il a abordé en les renouvelant la plupart des aspects de sa discipline. Il a aussi été un grand professeur, rigoureux et attentif de l’École des hautes études à Vincennes et à la Sorbonne, il a éveillé et formé des centaines d’étudiants, des dizaines de chercheurs. Jean Bouvier n’a cessé enfin de défendre et d’illustrer une certaine conception de l’histoire économique attentive aux transformations des sociétés.
Tous ces aspects de son œuvre sont présents dans le recueil qui paraît aujourd’hui, et que l’auteur avait composé avant sa disparition. Il est donc autre chose et plus qu’un hommage, une collection de textes rares, importants, qui jalonnent la recherche, la réflexion et les combats d’un grand historien.




Maria DARAKI

professeur d'histoire ancienne

2080813110.08.lzzzzzzz- Une religiosité sans Dieu. Essai sur les stoïciens d'Athènes et Saint-Augustin, La Découverte, 1989.

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- Dionysos et la déesse Terre, Flammarion (1994), 1999.

 

La "raison grecque" nous a été transmise par les philosophes. Mais c'est un dieu, Dionysos, qui nous transmet la "pensée sauvage" de la Grèce. Cette étude d'anthropologie historique établit par des méthodes minutieuses que la "matière première" du dionysisme est un système religieux de haute antiquité placé sous la tutelle de la déesse Terre. D'autres divinités aussi, Déméter en premier lieu, conservent les mêmes fonds sous le couvert de rituels secrets et exclusivement féminins. Mais sous cette forme, la religion de Terre est à la fois "sauvée" et marginalisée. Elle se trouve repoussée du côté des femmes. Dionysos, lui, se donne à tous. Il est le dieu tout à la fois transgressif et central. Il s'entoure volontiers de femmes, mais il est bénéfique aux hommes aussi, qu'il autorise à rejoindre l'autre en eux-mêmes. Grâce à lui, la Grèce disposera de son lointain passé non seulement comme d'une braise qui couve sous les cendres, mais comme d'une flamme vive qui se dresse, merveilleuse et paradoxale, dans le jour positif de la "Raison".




Marianne DEBOUZYdebouzy1

professeur d'histoire contemporaine

- Le capitalisme "sauvage" aux États-Unis, 1860-1900, Seuil, 1991.

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Robert DELORT

professeur d'histoire médiévale2020195143.08.lzzzzzzz2020061945.08.lzzzzzzz

- La vie au Moyen Âge, Seuil, 1982.

- Les animaux ont une histoire, Seuil, 1993.






Jean DEVISSE

(19..-1996)

professeur d'histoire médiévale








Jean-Louis FLANDRIN (1931-2001)flandrin

professeur d'histoire moderne

notice biographique paru dans l'inventaire du fonds Jean-Louis Flandrin aux Archives nationales :

Après des études secondaires à Alger et des études supérieures à Paris, Jean-Louis Flandrin (1931-2001) fut reçu à l'agrégation d'histoire en 1956. Enseignant aux lycées de Constantine puis d'Alger, il entreprit, en 1960, une thèse d'histoire sur le thème de l'histoire de la sexualité et de la famille. Sa 2020093855.08.lzzzzzzzContribution à une histoire de l'amour et de la sexualité en Occident lui valut l'obtention du doctorat d'Etat sur travaux à Paris IV en 1979.

Chef de travaux à l'Ecole pratique des hautes études, en 1964, puis maître-assistant à la Sorbonne de 1967 à 1981, visiting fellow au Davis Center de Princeton en 1976-1977, Jean-Louis Flandrin participa à la création du centre universitaire de Vincennes en 1968 et enseigna à l'Université de Paris VIII jusqu'en 1995. Directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, il y anima un séminaire de 1983 à 2001.                             
Spécialiste mondialement connu de la sexualité et de la  famille, Jean-Louis Flandrin publia L'Eglise et le contrôle des naissances (1970), Les Amours paysannes XVIe-XIXe siècles (1975), Familles - Parenté, maison, sexualité dans l'ancienne société (1976), Le Sexe et l'Occident (1981) et Un temps pour embrasser (1983). Il se tourna ensuite vers l'histoire des goûts et des pratiques alimentaires. Il2213594570.08.lzzzzzzz fut ainsi l'auteur d'une monumentale Histoire de l'alimentation, ouvrage collectif de quarante signatures codirigée avec Massimo Montanari (1996) ainsi que de Tables d'hier, tables d'ailleurs. Histoire et ethnologie du repas (1999).

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2738110525.08.lzzzzzzz - L'ordre des mets, Odile Jacob, 2002.









En mémoire de Jean-Louis Flandrin, un album photo

Odile Redon


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- les quatre photos ci-dessus sont publiées par Odile Redon (aller sur le fichier Pdf) :

1 : février 1979 à l’issue d’un cours sur l’alimentation médiévale et moderne.

2 : Jean-Louis Flandrin est assis à une table, concentré sur les ombelles qu’il étête pour préparer une
sauce aux fleurs de fenouil. C’était en septembre 1981 ; nous préparions un banquet médiéval dans le quartier de la Selva à Sienne.

3 : à Sienne encore, la veille ou le lendemain du banquet de la Selva. JLF, dans le vif d’une conversation avec Pietro Clemente, professeur d’anthropologie culturelle (alors à Sienne ; il avait contribué à la préparation du banquet) et Odile Redon.

4 : Jean-Louis Flandrin est assis dans un fauteuil en rotin, devant un évier où gisent des vestiges d’un repas ; à sa gauche un bouquet de romarin ; il a sa pose familière de réflexion, les mains croisées entourant le genou droit. C’était dans une maison amie de la campagne siennoise, le lendemain du banquet de la Selva.

(légendes : Odile Redon)




René GALLISSOTgallissot

professeur d'histoire contemporaine

René Galissot est ancien directeur de l’Institut Maghreb-Europe, ancien directeur de le revue internationale de synthèse en sciences sociales L’Homme et la Société. Membre de la Conférence internationale des historiens du mouvement ouvrier. Il appartient à la génération intellectuelle et politique de la guerre d’Algérie. Il fut responsable du cartel des ENS (Écoles normales supérieures) des Comités d’Action contre la guerre d’Algérie, et a enseigné à l’Université d’Alger (1962-1967). Ses recherches sont consacrées à la question nationale : marxisme et question nationale, mouvement ouvrier international, nationalisme, syndicalisme et communisme dans le monde arabe, et maintenant : racisme et immigration, relations interethniques.

- "René Gallissot : un historien de terrain" par Abdellatif Mansour, Maroc Hebdo,
n° 342, 17/23 octobre 1998




Jacques GÉLIS2213013799.08.lzzzzzzz

professeur d'histoire moderne

spécialiste de l'histoire de la naissance, est l'auteur notamment de L'Arbre et le Fruit, la naissance dans l'Occident moderne (XIV-XIXe siècle) et La Sage-femme ou le médecin (Fayard). Il a participé à l'Histoire du corps (Le Seuil).

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Francis JOANNESfranis_joannes2200261209.08.lzzzzzzz
- Textes économiques de la Babylonie récente
, Paris, 1982. - Archives de Borsippa : la famille Ea-Iluta-Bani, Genève, 1989.
- Rendre la justice en Mésopotamie. Archives judiciaires du Proche-Orient ancien (IIIe-Ier millénaires avant-J.-C.), Saint-Denis, PUV, coll. Temps & Espaces, 2000.
- La Mésopotamie au Ier millénaire avant J.-C., Armand Colin, 2000.
-
(dir.), Dictionnaire de la Civilisation Mésopotamienne, Robert Laffont,
Collection Bouquins, Paris, 2001.
- The Age of Empires, 
Columbia University Press, 2005.
- Les premières civilisations : de la Grèce mycénienne à l'Indus, Belin, 2006.

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l'étendard d'Ur



Jacques MARSEILLEpersomarseille1

professeur d'histoire moderne

- site personnel de Jaques Marseille

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Claude MOSSÉmosse_claude

professeur d'histoire ancienne

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- Histoire d'une démocratie : Athènes, Seuil, 1971.

- compte-rendu d'une conférence de Claude Mossé sur le thème : "Cité et citoyenneté à Athènes" (1998)

- fiche aux éditions Complexe


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- Alexandre, la destinée d'un mythe, Payot, 2001. (fiche éditeur)








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- Périclès : l'inventeur de la démocratie, Payot, 2005.

Le nom de Périclès (v. 495-429 av J-C), ce "premier citoyen" d'Athènes qui gouverna la cité pendant plus de trente ans, reste pour toujours lié au Ve siècle av. J-C, le plus représentatif et le plus brillant de la civilisation grecque antique, celui qu'on nomme justement le "siècle Périclès". C'est à lui que nous devons cette expérience politique originale - la démocratie - érigée aujourd'hui en modèle de gouvernement par les plus puissants pays, et cette exceptionnelle floraison artistique et littéraire - la construction de l'Acropole, la naissance du théâtre tragi-comique avec Eschyle, Sophocle et Euripide, les débuts de l'Histoire et de la philosophie - dont l'humanité tout entière peut s'enorgueillir.
Au-delà de la personnalité complexe de cet homme d'autorité aux talents d'orateur et de son rôle prépondérant dans l'établissement de l'hégémonie athénienne sur la mer Egée, Claude Mossé s'interroge sur les origines de la démocratie et sur la réalité de ce régime politique au sein de la société d'Athènes.
Une passionnante et innovante lecture politique dont l'auteur, avec son habituelle rigueur intellectuelle, s'acquitte une nouvelle fois avec brio après le très remarqué Alexandre : la destinée d'un mythe paru dans cette même collection.




Alain PLESSIS

professeur d'histoire contemporaine


- De la fête impériale au mur des Fédérés, 1852-1871, Nouvlle histoire de la France contemporaine, Seuil,2020006693.08.lzzzzzzz2 1973.

- Histoires de la Banque de France, Albin Michel, 1998.222610075x.08.lzzzzzzz1

- articles dans la Revue d'Histoire du XIXe siècle





















Bernard QUILLIET

professeur d'histoire moderne

- Bernard QUILLIET, Les corps d'officiers de la prévôté et vicomté de Paris et de l'Ile-de-France de la fin de la guerre de Cent Ans au début des guerres de Religion : étude sociale, [thèse Paris IV, 1977], Lille, 1982, 2 vol.


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2213593450.08.lzzzzzzz12213601933.08.lzzzzzzz19782213615424l    








La France du beau XVIe siècle (1492-1559)

Si les règnes de François Ier et de son fils Henri II ont suscité de nombreuses biographies, le «premier XVIe siècle», une période relativement heureuse comparée à celles qui l'ont précédée et suivie, a été plutôt négligé par les historiens. Pourtant, ces quelque soixante-dix années correspondent, au moins pour la France, à un moment capital de son histoire culturelle, artistique, religieuse et même scientifique. Pour l'ensemble de la population nobles et roturiers, bourgeois et paysans, clercs et laïcs, courtisans et indigents, lettrés et analphabètes ce fut un intermède d'apaisement, de paix intérieure, de plus grande prospérité et de moindre moralité… Une synthèse savante et brillante.

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- article : "Une France à l'italienne. Les lettrés s'affichent"







Madeleine REBÉRIOUX (1920-2005)

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professeur d'histoire contemporaine

- Un parcours engagé, par Raymond Huard (2000)

- Clio, n° 21 (2005) : Michelle Perrot

- L'Humanité, 9 février 2005

- Le Monde, 9 février 2005 (accès payant)

- Al Oufok (février 2005)2020006715.08.lzzzzzzz

- La République internationale des Lettres (février 2005)

- François Delpla (février 2005)

- Biblio-monde

- www.histoire.fr/bleu

- Société d'études jaurésiennes


- Madeleine Rebérioux : ouvrages en librairie

2070532917.08.lzzzzzzz2701121485.08.lzzzzzzz2708230670.08.lzzzzzzz














Odile REDONodile_redon

professeur d'histoire médiévale

- bio-biblio

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Bernard ROSENBERGER







Pierre SORLINsorlin

professeur d'histoire contemporaine

- professeur émérite à la Sorbonne (Paris III) et compagnon de l'Institut d'histoire contemporaine de Bologne. Il a tourné des films documentaires et historiques sur la Révolution française, l'Affaire Dreyfus et le Front populaire.
- à propos de Esthétiques de l'audiovisuel par
Myriam Tsikounas

- Esthétiques de l'audiovisuel, Armand Colin,2005.
- Les fils de Nadar : le "siècle" de l'image analogique, Nathan, 2005.

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Benjamin STORA
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professeur d'histoire contemporaine










Jacques THOBIEthobie

professeur d'histoire contemporaine

- biblio des publications chez L'Harmattan

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Claude WILLARDguesdistes2

professeur d'histoire contemporaine


















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21 mai 2006

L’Afrique romaine (de l’Atlantique à la Tripolitaine) de 69 à 439

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Volubilis (Maroc)


L’Afrique romaine

(de l’Atlantique à la Tripolitaine)

de 69 à 439

bibliographie


* bibliographies sur le site de la SOPHAU (Société des professeurs d'Histoire ancienne de l'université) : Historiens et Géographes et mise à jour, et revue Antiquités Africaines



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- Yann LE BOHEC (professeur à Paris IV-Sorbonne), Histoire de l'Afrique romaine, de 146 av. J.-C. à 439 après J.-C., éd. Picard, 2005. librairie

* présentation de l'éditeur : L'Afrique romaine est devenue célèbre grâce aux écrivains illustres qu'elle a vu naître - Apulée, Tertullien, s. Cyprien et s. Augustin - et grâce aux ruines majestueuses de sites comme Carthage, Dougga, Timgad et Volubilis. Elle a donné à Rome des chevaliers, des sénateurs et même la famille impériale des Sévères, originaire de Lepcis Magna en Tripolitaine. Elle est un terrain d'études en constants progrès. C'est ainsi que, dans le domaine économique, plusieurs enquêtes ont bouleversé son image traditionnelle. Cette région en effet ne fut pas seulement le "grenier à blé de Rome" ; un artisanat très actif produisant essentiellement de la céramique s'y était développé. En ce qui concerne la religion, on sait aujourd'hui que la population vénérait un grand dieu, Saturne. Et si elle s'est largement convertie au christianisme ce ne fut jamais totalement ; elle eut pourtant ses martyrs, notamment Perpétue et Félicité. L'Afrique romaine bénéficie d'une documentation abondante et de qualité. Cependant les historiens n'ont pas toujours suffisamment pris en compte ses spécificités qui touchent le domaine même des institutions. Des questions restent posées et des débats ont été ouverts : tous les Africains ont-ils été romanisés ? Jugurtha et Tacfarinas, célèbres insurgés, furent-ils des exceptions ou des modèles ? Comment l'Afrique a-t-elle vécu la "crise du IIIe siècle" ? Dans quelle mesure a-t-elle été touchée par la "renaissance du IVe siècle" ? Pourquoi et comment s'est faite la conquête vandale ?

2749505747.01.lzzzzzzz

- Antonio IBBA, Giusto TRAÏNA, L'Afrique romaine : de l'Atlantique à la Tripolitaine (64-439 ap. J.-C.), Bréal, 2006.


2842743261.01.lzzzzzzz

- Bernadette CABOURET (dir.), L'Afrique romaine, de 69 à 439, éd. Temps, 2005.


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- Claude BRIAND-PONSART, Christophe HUGONIOT, L'Afrique romaine : de l'Atlantique à la Tripolitaine 146 av. J.-C. - 533 ap. J.-C., Armand Colin, 2005.



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Paul CORBIER, Marc GRIESHEIMER, L'Afrique romaine : 146 av. J.-C. - 439 ap. J.-C., Ellipses, 2005.







 

 

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21 mai 2006

Le monde byzantin, du milieu du VIIIe siècle à 1204 : économie et société.


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image d'un manuscrit du XIe s., Mont Athos


Le monde byzantin,

du milieu du VIIIe siècle à 1204 :

économie et société

bibliographie



* Les publications du Centre de recherches d'histoire et civilisation byzantines et du Proche Orient chrétien. Série "Byzantina Sorbonensia" - Publications de la Sorbonne :

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- Michel KAPLAN, Les hommes et la terre à Byzance du VIe au XIe siècle. Propriété et exploitation du sol, 1992.


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- Élisabeth MALAMUT, Les îles de l'Empire byzantin, VIIIe-XIIe siècles, 1988.


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- J.-F. VANNIER, Familles byzantines, les Argyroi (IXe-XIIe siècles), 1975.


 





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21 mai 2006

Les sociétés anglaise, espagnole et française au XVIIe siècle


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Louis Le Nain (1593-1648), L'Académie


Les sociétés anglaise, espagnole

et française au XVIIe siècle


bibliographie







Les sociétés anglaise, espagnole et française au XVIIe siècle

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21 mai 2006

Les campagnes dans les évolutions sociales et politiques en Europe, des années 1830 à la fin des années 1920


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Les campagnes dans les évolutions

sociales et politiques en Europe,

des années 1830 à la fin des années 1920 :

étude comparée de la France,

de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie




Histoire de la France rurale (dir. Duby et Wallon),

tome 3 : 1789-1914

apogée et crise de la civilisation paysanne


La "révolution agricole du XVIIIe siècle est un mythe, le tome 2 du présent ouvrage l'a démontré. Les péripéties souvent dramatiques qu'il relate masquent derrière d'amples oscillations, la permanence des structures sociales et des techniques agraires. À part quelques fermiers du Bassin parisien qui reflétaient l'image que l'Encyclopédie donne de la "grande culture", l'économie agricole restait étriquée, la paysannerie demeurait soumise, écrasée de droits, enfermée dans une communauté rurale qui était à la fois un secours pour le faible et un frein à la modernisation. Les idées nouvelles ne manquaient pas chez les premiers "agromanes", mais elles ne trouvaient encore que peu d'applicateurs, car l'immense majorité des exploitants ne disposaient pas des marges bénéficiaires nécessaires à leur mise en œuvre. Et cependant un grand mouvement s'était esquissé, prélude aux bouleversements qui vont suivre : c'est le rapide essor démographique du XVIIIe siècle, lié, comme aujourd'hui dans le tiers monde, à l'amélioration des conditions de vie. En multipliant les bouches à nourrir, il exigeait l'accroissement de la production agricole ; en suscitant non seulement l'industrie rurale, mais toute une population misérable et flottante, il rendait plus criante les injustices sociales ; bref, il préparait les voies à la fois à 1789 et à l'intensification de l'agriculture.

2020044137.08.lzzzzzzz1Le "siècle" de cent vingt-cinq ans que nous abordons ici a connu, en effet, de profonds bouleversements qui ne sont plus des oscillations, mais qui modifièrent les fondements mêmes du pays. À la fin de l'Ancien Régime ceux-ci reposaient sur une paysannerie dépendante, peu instruite, mais très largement dominante par le nombre ; sur une économie agricole fragile, soumise aux aléas de la météorologie et faite d'une juxtaposition de circuits régionaux. À l'aube du XXe siècle, voici au contraire une agriculture déjà largement modernisée, qui a définitivement écarté le spectre de la disette. Les campagnes commencent à se dépeupler et les friches font leur apparition là où, cent ans auparavant, il y avait eu surexploitation sous la pression démographique. Un marché national des produits agricoles est né. La paysannerie est maîtresse de son sol et pèse lourd dans la vie politique du pays. Mais elle n'est déjà plus majoritaire. Une vaste redistribution des hommes est en cours sur le territoire. L'agriculture est de plus en plus dépendante des secteurs de l'industrie et de la distribution. Les vieilles civilisations agraires sont en train de se fondre dans un vaste creuset national. L'ère contemporaine est commencée.

Introduction au tome 3 de l'Histoire de la France rurale, 1789-1914
(Maurice Agulhon, Gabriel Désert, Robert Specklin, 1976),
p. 9-10.



présentation et analyse

* "À propos de la question d'histoire contemporaine...", article de Jean-Luc Mayaud, Lutz Raphael, Claude-Isabelle Brelot et Pierre Cornu paru dans Ruralia, revue de l'Association des ruralistes français. (2005)

* "Les campagnes dans les évolutions...", biblio et analyse, Michel-Pierre Chelini de l'université d'Artois (juin 2005)2911369025.08.lzzzzzzz

* pour la période immédiatement antérieure, recension par Jacques BERNET, dans les AHRF, de : Jean-Marc MORICEAU, La Terre et les Paysans aux XVIIe et XVIIIe siècles, France et Grande-Bretagne, guide d’histoire agraire, Rennes, Association d’Histoire des Sociétés Rurales, 1999.

* toujours sur la période moderne : Michel Puzelat (Paris VIII) : La vie rurale en France du XVIe au XVIIIe siècle, Sedes, 1999.

* les observations de l'Anglais Arthur Young : Voyages en France pendant les années 1787-88-89 et 90 (coll. 10/18, 1989), en ligne sur le site "Gallica" de la BnF (trois fichiers à télécharger en Pdf) (en ligne sur le site ABU, mais avec une graphie défective pour les mots accentués)




2020044137.08.lzzzzzzz

bibliographie


- Georges DUBY et Armand WALLON (dir.), Histoire de la France rurale, tome 3. Apogée et crise de la civilisation paysanne, Seuil, 1976.

2020173344.08.lzzzzzzz




- en poche


2020102609.08.lzzzzzzz1- Annie MOULIN, Les paysans dans la société française, Seuil, 1988.





2011457025.08.lzzzzzzz1

- Edouard LYNCH (dir.), Les campagnes dans les évolutions sociales et politiques en Europe, des années 1830 à la fin des années 1920, Hachette, "Objectif concours", 2005.





2729824448.01.lzzzzzzz

- Jean-François TANGUY (coord.), Les campagnes dans les évolutions sociales et politiques en Europe, des années 1830 à la fin des années 1920, Ellipses, 2005.






2718194642.08.lzzzzzzz

- Jean-Marc MORICEAU (coord.), Les campagnes dans les évolutions sociales et politiques en Europe, des années 1830 à la fin des années 1920, Sedes 2005.






- Robert CALVET, Les campagnes en Europe France, Allemagne, Espagne, Italie, 1830-1920, Armand Colin, 2005.









Les campagnes dans les évolutions sociales et politiques en Europe, des années 1830 à la fin des années 1920


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20 mai 2006

Les lauréats de l'année 2005

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remise des prix, école Jean Jaurès à Arras, 1960





Les lauréats de l'année 2005

Enseignants ou étudiants de Paris VIII, ils ont été remarqués, félicités, admis ou primés. Fruit de leur travail et de leurs mérites, cette réussite honore l'université et le Département Histoire où ils travaillent.


(à venir)




fedala_maroc_1957
école du Centre de la ville de Fedala (Mohammedia) Maroc
Distribution des prix Fédala Juin 1957
Elève, Son excellence le pacha de Fédala Si Guennoun, Mme Dulondel



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Département Histoire de l'université Paris 8
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